Vous avez tous vécu, au moins une fois, cette expérience : vous avez une petite dizaine d'année, vous n'êtes pas plus haut que 3 pommes (euh, enfin plutôt 5 ou 6 pour moi...) et votre instituteur ou institutrice vous demande ce que vous aimeriez faire une fois plus grand. Evidemment, 8 élèves sur 10 répondent soit pompier, soit médecin ... soit pilote d'avion. Et c'était mon cas ! : je voulais, dès l'âge de 6 ou 7 ans si je me souviens bien, être pilote d'avion. Un rêve de gamin donc, qui va devenir bientôt réalité.
Une bonne quinzaine d'années plus tard, les études presque finies, me voici en train de franchir les portes d'une école de pilotage à Lyon, sur les bons conseils d'un copain qui avait passé son PPL l'année précédente en ce même endroit. Evidemment, la première fois que j'ai franchi les portes du club, j'ai commencé par poser tous pleins de questions. Sophie, le pilier de l'école, me mit tout de suite à l'aise : nombreux instructeurs disponibles toute la semaine, flotte d'avions importante, simulateur de vol etc... Bref, que du bien pour bien progresser !
Puis, contre toute attente (il y avait pas 15 minutes que j'étais là), elle me proposa de faire un vol d'initiation. J'avais le souffle coupé : je ne m'imaginais pas ce matin en me levant que dès aujourd'hui, j'allais enfin voler ! Enfin.... pas tout à fait aujourd'hui...
Un coup d'oeil ensemble sur le planning me fit malheureusement déchanter, pour un temps seulement. Tous les avions étaient réservés pour la journée ! Diable ! Bon, il faut dire qu'en ce samedi de mois de juin ensoleillé (un temps de curé comme dirait mon instructeur), c'était prévisible : les 3 Cessna-écoles de l'école étaient en l'air. Nous primes donc rendez-vous pour un autre jour de la semaine, le mardi, pour faire ce vol d'initiation. Je n'arrivais pas à le croire : j'allais ce mardi pouvoir voler, oui voler ! Tout le week-end j'ai attendu ce jour béni en n'arrêtant pas de me demander à quoi pouvait bien ressembler les environs vus du ciel.
Il faut croire que j'avais vraiment chopé la chkoumoune cette semaine là, parce que je voyais bien la veille du vol (le lundi donc) que le temps se dégradait de plus en plus. Arrrgh, rien de bon pour le lendemain... Un coup de fil de l'instructeur qui devait voler avec moi ne fit que confirmer mes impressions. "Demain mardi je pense que c'est râpé. Jeudi matin, ça te va ?" me demanda-t-il. "T'inquiète-pas, je m'arrangerai !" m'enpressais-je de lui répondre, en priant pour que ce soit bel bien le jour J cette fois-ci. Et voilà, deux jours de plus à patienter ! C'est trop dur !!! Ces deux jours passèrent bien tant que mal.
Et arriva enfin le jeudi matin ! Je n'avais rendez-vous qu'à 9h mais dès le lever du soleil, je m'empressais de regarder par la fenêtre de ma chambre si le temps était de la partie. Et oui ! Fooorrrrmmmmiiiidddddaabbbllle ! J'arrivais à l'aéroport à 8h (ben oui, imaginez qu'une météorite ou je ne sais quoi s'écrase sur l'autoroute et bloque la circulation, il fallait bien prévoir un peu de marge pour ne pas être en retard à mon rendez-vous !) Basta ! Mon avance m'autorisa à faire le tour de l'aérogare et à regarder ces petites merveilles ailées. Certains appareils attirèrent mon intention : à l'époque, je ne savais pas comment s'appelaient ces très belles machines, mais je n'espérais qu'une chose, pouvoir voler avec elles un jour ou l'autre.
Puis arriva l'instructeur (Fabrice) vers 8h30. Les présentations d'usage tout d'abord, puis il me demanda mes motivations. "Ben en fait j'ai toujours voulu voler, depuis très longtemps, mais maintenant que j'ai du temps pour réaliser ce rêve, je saute le pas. Il faut dire aussi que je vais très souvent à Méribel en Savoie, et il y a un altiport avec de très jolis avions que je ne manque pas de voir décoller quand je suis sur place !".
"Allez, hop ! en selle !" me dit-il. Juste le temps de prendre un casque et nous voilà déjà sur le Taxiway autour de F-GDDJ, un C152 tout rouge et blanc. Fabrice m'expliqua qu'il faut faire un visite technique de l'avion (chose qu'on appellera ensuite la "visite pré-vol"). Il m'expliqua aussi le rôle des gouvernes, des feux sur l'avion etc. Puis il m'invita à prendre place dans l'avion, en place gauche bien sûr ! Evidemment, c'est lui qui fit le démarrage de l'avion, pour me montrer, puis il s'occupa également la radio, of course !
Nous voilà sur la ligne jaune en route pour le point d'arrêt 34. "Bon alors l'avion se dirige au sol avec les paloniers : tu appuies à droite pour aller à droite, à gauche pour aller à gauche. Le volant ne sert à rien ! Et la ligne jaune sous tes fesses !". Evidemment, pour cette première leçon, j'avais tout faux : volant à droite pour tourner à droite, volant à gauche pour tourner à gauche, et ligne jaune plutôt sous les fesse de Fabrice que les miennes. Ensuite, Fabrice s'occupa également de la check roulage et, au point d'arrêt 34, les checks gouvernes et moteur: normal, il est là pour me montrer. Puis vient l'autorisation d'alignement et de décollage. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais le coeur qui battait à 100 à l'heure au moment de l'alignement, bien que ce soit Fabrice qui s'occupait de tout pour l'instant. Enfin les gaz, à fond, puis l'avion pris de la vitesse et nous voilà en un rien de temps les trois roues en l'air. Le Cessna avait beau monter assez doucement, le fait de voir s'éloigner peu à peu le plancher des vaches était très impressionnant.
Quelques minutes plus tard, nous voici au dessus du "grand large" : c'est un grand plan d'eau au dessus duquel on ne risque pas de déranger beaucoup de monde à cette heure là. C'est à ce moment, que Fabrice m'invita à prendre les commandes. Au menu: essai des différentes commandes : Bon alors quand je pousse, l'avion pique du museau, quand je tire il se lève, à droite pour s'incliner à droite, à gauche pour s'incliner à gauche. Rien de sorcier, c'est comme je me l'imaginais. Puis Fabrice me demanda d'actionner les palioners. A droite et l'avion s'oriente vers la droite, à gauche pour s'orienter à gauche. Ok il existe donc plusieurs façons de se diriger. Puis Fabrice me demanda de tester l'effet du compensateur : molette vers le haut et l'avion prend une assiette de descente et vers le bas et l'avion se met à monter : arrh, déroutant. Evidemment, lorsque Fabrice me demandait de tenir le palier, et que je n'y arrivais pas, ce dernier me remettais (brutalement) à bonne altitude, au point de faire rapidement affluer l'estomac dans les chaussettes. Etait-ce pour
faire le plein de sensations fortes ou pour rapidement retrouver une altitude de sécurité ? Je ne sais pas. En tout cas c'était sûrement plus impressionnant que le grand 8 de n'importe quel parc d'attraction !
C'était le moment de rentrer, Fabrice s'occupe de la radio, nous voilà rapidement en vent arrière, puis il reprend les commandes pour l'atterrissage, toujours en 34.
Expérience encore déroutant juste avant l'atterrissage : l'avion arrive en crabe avant le toucher : quand on voit ça pour la première fois, on a vraiment une impression bizarre.
A l'arrêt du moteur au parking, l'horamètre indique 42 minutes de vol. C'est théoriquement long pour un premier vol, mais une fois dans l'avion on ne voit pas le temps passer !
Ce premier vol restera à jamais gravé dans ma mémoire. C'était le tout premier ! Aujourd'hui, je me rappelle encore de toutes les images avant, pendant et immédiatement après le vol. Evidemment, je me suis le jour même inscrit pour une formation PPL complète. Fabrice deviendra mon instructeur.
Ce premier vol a déjà presque 6 mois, aujourd'hui je suis sur le point d'être lâché...
Aurélien