Chaque nouvelle nav solo pendant la formation d'un pilotaillon reste un moment intense en émotion. Pourquoi ? Parce que - et c'est le principe de la nav solo - l'élève pilote doit partir tout seul à bord de l'avion, pardi ! Bien que tout jeunes oisillons avec seulement quelques heures de vols au compteur, nous devons nous débrouiller tout seuls pour quitter notre berceau, prendre notre envol, réussir à voler sans trop faire de bêtises, nous guider dans l'immensité du ciel bleu, revenir les deux pieds sur terre et enfin retourner dans le nid.
26 Juillet 2006, c'est aujourd'hui le jour de ma deuxième nav solo pour le jeune poussin que je suis. Non, pas tout à fait la deuxième nav, puisque j'ai déjà à mon actif 5 tours de Lyon solo dans tous les sens ... Mais la nav qui m'attend aujourd'hui est vraiment une grande première pour moi : c'est la première fois que je pars aussi loin, la première fois que je vais poser mes roues en solo sur une plateforme autre que mon aérodrome d'attache, la première fois que je vais monter dans une tour me faire tamponner mon carnet de vol.
Me voilà donc en ce mardi dans mon école de pilotage vers les 8h30. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi j'aime bien ne pas être bousculé : je n'ai réservé l'avion qu'à partir de 9h00, ainsi ai-je le temps de sortir tranquillement les avions, faire les pleins, faire ma prévol, regarder la dernière météo, les notams, rejeter un coup d'oeil à mon log de nav et mes cartes. Puis mon instructeur arrive vers 9h15, le temps qu'il prenne son café nous discutons des différentes trajectoires du circuit d'intégration de l'aérodrome de Macon (la destination de ma nav ...) suivant la piste en service, la présence de traffic ou non, etc ...
Nav Lyon-Bron -> Macon
"Allez, zou !" ponctue t-il cette petite discussion. Bon, c'est donc le moment pour moi d'y aller. Je file vers ma jolie Juliette (mon F-GDDJ en fait), je vérifie que tous les documents nécessaires à la nav sont à bord, puis c'est parti (avec quand même une boule au ventre) : démarrage de l'avion, contact avec la tour de Bron, roulage, essais moteurs, clairance de décollage pour la 34. Tout va bien jusqu'à présent, je quitte Bron une fois à NW (un barrage sur le Rhône) et les choses sérieuses commencent.
Cette nav ne nécessite aucun autre moyen de radiocom qu'un ADF, situé justement sur l'aérodrome de Macon. Trop facile me direz-vous ? Et bien vous n'avez pas tout à fait tort puisqu'en plus, Macon est situé au bord de la Saône (un affluent du Rhône). Cette nav se résume donc essentiellement à du cheminement. D'ailleurs, je me rappelle encore un instructeur de mon école dire: "Macon, c'est trop facile, ce n'est que du cheminement ...". En plus, une fois sorti de Lyon, l'espace est de classe G, pas de risque donc de faire de grosses boulettes. Je prends donc le temps, entre deux coups d'oeil sur l'alti, de regarder les péniches qui naviguent paisiblement sur le cours d'eau (malheureusement, mon FI m'interdit de prendre des photos en nav solo).
A environ 10 nautiques de Macon, je contacte l'agent AFIS:
-"Macon de Fox Golf Delta Delta Juliet, Bonjour !"
20 secondes de silence, je décide de recontacter une nouvelle fois.
-"Macon de Fox Golf Delta Delta Juliet, Bonjour !!"
Encore 20 secondes de silence à la radio.
-"Macon de Fox Golf Delta Delta Juliet, Bonjour !!!"
Mon instructeur m'avait souvent dit qu'il ne fallait pas s'attendre à une réponse immédiate d'un agent Afis, mais alors là, il était vraiment très très long à me répondre. Bon, pas de panique. Je jette un coup d'oeil sur mon log de nav pour vérifier la fréquence : elle correspond à l'affichage sur la radio. Une erreur de lecture de la fréquence sur la fiche terrain ? Je vérifie. Non, pas d'erreur. Je décide de vérifier les horaires de présence de l'agent : il devrait pourtant être là ! Je vérifie les notam de Macon : Rien à Signaler. Bon, tant pis je continue. Je ne vois toujours pas le terrain. J'imagine que dans ces conditions, on fait de l'auto-information ? Possible, je n'ai pas eu la présence d'esprit de regarder sur la fiche terrain... Ou bien peut-être est-ce un problème de radio (c'est quoi le code transpondeur déjà ? Ah oui, 7600). Je tente une dernière fois de le contacter.
-"Macon de Fox Golf Delta Delta Juliet, Bonjour !!!!"
Puis enfin, j'entends:
-"Fox Golf Delta Delta Juliet, Bonjour"
Ouffffffff !!!!! Tout le stress accumulé ces quelques dernières minutes disparaît immédiatement. Je fais mon message, il me demande de rappeler en vue des installations, ce que je fais. Puis il m'indique que je suis tout seul dans le circuit. Ouf, un stress en moins ! Je m'applique pour faire mon intégration, puis j'atterris, sans problème. Il me dit de ma parquer devant la tour. Je coupe le moteur, très content de moi pour cet aller. Je m'empresse de prendre une petite photo puis je file faire tamponner mon carnet de vol dans la tour (une grande première pour moi).
Ma Juliette devant la tour de Macon
Cessna-tente
Le temps de discuter 30s, je décide de repartir illico. Pressé de rentrer au nid, j'en oublie de mettre la commande de mixture sur plein riche au lancement du démarreur. Résultat : deux coup de démarreur pour rien. Oups ! Mais tout rentre dans l'ordre une fois l'erreur détectée. Puis je roule pour la 17 de la piste de Macon, essais moteurs, décollage, Lyon-Bron me revoilà ! La branche retour est très facile, parce qu'il suffit de suivre la Saône jusqu'à Lyon, mais surtout je sais qu'il y a un contrôleur dans la TWR ;-) !
Conclusion de cette nav : y'a t'il un pilote dans l'avion ? Oui, certainement ! Y'a t-il un agent Afis dans la tour ? On se demande ;-))))
Aurélien