Avec Lucas, nous avons convenu de voler tous les jours de bonne heure le matin : voler à la fraîche dans un décor de soleil rasant les sommets, c'est assurément commencer une journée du bon pied ! C'est donc tous les matins vers 8h30 que nous nous retrouvions à l'altiport pour nos vols.
Réveil matinal donc pour ce premier jour, et direction l'altiport. J'y retrouve Lucas en train de toiletter l'avion, car voler en montagne l'été, atterrir sur des altisurfaces en herbe ou en terre, c'est très salissant pour nos jolis coucous. A deux, nous aurons rapidement refait une beauté à notre destrier, le Fox - India Victor.
Après un café bien venu, direction la salle de cours, dans laquelle se trouve un tableau résumant l'intégration et le tour de piste à Méribel : trajectoires, régimes moteurs, altitudes, actions à entreprendre... cela doit faire un moment que tableau est accroché ici, car il indique les paramètres d'un Piper PA18 que l'aéroclub n'a plus depuis bien longtemps ! Pour autant, les paramètres moteurs d'un Mouss' et d'un PA18 sont les mêmes, donc tout va bien !
Plus le temps d'attendre, il faut maintenant aller voler ! Pas besoin d'aller avitailler, il y a suffisamment d'essence pour 2h de vol. Je me remets donc pour la 2e fois aux commandes de ce beau Jodel D140 qui me faisait tant rêver durant ma jeunesse.
Rapide tour de revue du tableau de bord et nous partons voler dans ce beau ciel bleu marine savoyard (comme dirait ma très chère maman...).
Cette séance aura été une longue séance d'exercices, éprouvante et très fatigante : il a fallu d'abord revoir les fondamentaux, puis apprendre tout ce qui changeait par rapport au vol "de plaine" (grosse somme de travail en perspective). Pendant le vol, nous aborderons les points suivants :
- Le badin au décollage Plusieurs écoles existent : il y a les pilotes qui gardent leurs habitudes de vol en plaines, et qui annoncent les vitesses au moment du décollage. Mais à quoi cela sert-il de savoir que l'on est (ou pas) à la bonne vitesse au bout de la piste d'un altiport ou altisurface de montagne, généralement très courte et se terminant par du vide ? A pas grand chose ! Car en montagne, on n'a pas la possibilité de freiner sans risquer de finir par se planter en bout de piste ou de finir en pylone. L'attitude à adopter est donc, peu après la mise en puissance, de vérifier les tours moteurs (comme en plaine), de vérifier si le badin est actif et ... de laisser l'avion accélérer ! Le décollage interviendra au moment où l'avion le décidera (en train classique, le décollage "3 points" permet d'avoir, par construction, une assiette de montée).
- Voler en palier Il est crucial de savoir voler en palier en montagne : une prise d'altitude involontaire se traduit inévitablement par une perte de vitesse au badin, ce qui peut être fatal en cas d'aérologie défavorable. "Mais c'est facile de voler en palier, on a appris ça au PPL" diront certains... Et bien en montagne, il faut tout réapprendre ! Car on peut rarement s'aider de l'horizon naturel en montagne (à cause du relief qui nous bouche la vue). Comment faire alors ? En s'aidant du variomètre bien sûr (comme en IFR), mais aussi grâce à quelques astuces toutes simples : tout d'abord, piloter à l'oreille (c'est bête, mais ça marche) : le moteur perd des tours en montée si on n'a pas touché aux gaz, et l'inverse en descente. Deuxio, on peut s'aider des étages de la végétation en montagne : il existe une limite, appelée "étage alpin" et située entre 2300m et 2500m, au delà de laquelle il n'y a plus d'arbres. Cette frontière peut donc servir d'horizon végétal naturel.
- Apprendre à virer Pour se sortir d'une situation délicate due au relief (demi-tour dans une vallée étroite), il est important de maitriser les virages, et en particulier la relation vitesse/rayon de braquage. D'autre part, il faut apprendre à virer en palier pour la même raison que celle évoquée ci-dessus (et donc on utilise les mêmes artifices).
- Savoir s'orienter en montagne L'une des astuces consiste à prendre le relèvement magnétique de vallée dans laquelle on se trouve, et de consulter la carte pour se retrouver. La deuxième solution est d'utiliser des repères naturels (le Mont Blanc par exemple) comme "VOR" artificiels. Enfin, s'il l'on connait par coeur le relief qui nous entoure, c'est forcément un 'plus' indéniable...
Note : Vous trouverez ci-dessous, et tout au long des prochains articles, quelques vidéos : celles-ci seront volontairement "brutes" (pas de musique, pas de montage extraordinaire) car elles n'ont pas une vocation artistique : je souhaite seulement qu'elles aient un intérêt pédagogique (pour moi en tous cas). D'autre part, je ne les mets pas sur les grands canaux de diffusion (Dailymotion, Youtube and co.) pour que sa diffusion reste limitée (elle restera ainsi "entre nous").
Prenez du plaisir !
La suite du cours au prochain épisode ...
Aurélien