Fabrice, mon instructeur, en train de bavarder avec les mécanos.
Vous avez déjà eu votre instructeur préféré en train de vous espionner pendant une nav solo ? A mon avis, je dois bien être le seul à qui cette expérience originale est arrivée ! Voici comment cela s'est passé :
20 Septembre 2006 : je dois normalement effectuer le lendemain une nav solo depuis Lyon (ma base d'attache) vers Grenoble St Geoirs. Voici trois jours que je peaufine aux petits oignons ma nav lorsque Fabrice, mon instructeur, me téléphone complètement catastrophé :
-"Aurélien, je suis dans la m..de ! Je devais demain amener F-CT à la révision des 100 heures et Mélanie, qui devait m'accompagner avec un autre avion pour me ramener, vient de se désister ! Qu'est-ce que tu avais prévu de faire demain déjà ?"
-"Heu...Nav solo Grenoble St Geoirs"
-"Changement de programme : tu veux bien amener F-CT à Lapalisse ?"
-"C'est à dire que... heu... ben... tu m'en crois capable ?"
-"Maiiiis oouuuiiiii, bien sûûûûrrrr !"
-"Bon ben... je vais essayer, je te promets rien..."
-"Bon alors tu prépares bien ta nav ce soir et on se voit demain à 9h. Au fait, Lapalisse c'est au Nord Ouest de Roanne !"
Voici ma nav au départ de Lyon
Il raccroche. Je reste un moment bouche bée (!) Bon, ce n'est pas tout, mais il est déjà 21h et je dois préparer un nouveau log de nav pour demain matin. Branle-bas de combat : je sors mes cartes (1/500 000e, Cartabossy, Vac), log de nav, crayon, règle, je pousse la musique de Top Gun à fond (joke !) ... Mon appartement ressemble en un rien de temps à centre de commandement des armées avec toutes les cartes dépliées à droite et à gauche. Lapalisse...Lapalisse... ah oui, c'est ici (je pointe avec mon doigt LFHX). Bon alors... komenkonfépourallélaba ? Ah oui, je vois... il va falloir sortir à N, puis direction Villefranche Tarare, puis... ah tiens il y a un radiocompas au nord de Roanne puis ... plus rien. Bon, faudra que j'utilise ce dernier ADF en QDR (c'est quoi la phrase magique déjà ? Ah oui, "Le cap tire la queue"). Ah tiens, je pourrai utiliser le Vor de Moulins en flanquement. Ok, je croise les doigts pour trouver le terrain une fois sur place.
J'essaye donc de m'appliquer le plus possible sur mon log de nav car demain m'attend une grosse journée : un longue nav avec mon instructeur qui me suivra de prêt avec un autre avion ! Nous allons en effet partir à deux avions pour ne revenir qu'avec un seul. Allons donc dormir un peu... Demain est un autre jour.
21 Septembre 2006, 8h30. Avant de partir pour le terrain, je donne un dernier coup d'oeil à ma nav, histoire de l'avoir bien en tête. J'arrive avec un peu d'avance (je déteste être bousculé), je fais ma prévol et les pleins des avions du club. Fabrice arrive peu après moi. Nous écoutons l'ATIS et là, c'est le drame ;-) : le terrain est fermé aux VFR jusqu'à 10h pour cause d'entretien des pistes. Bon, c'est pas grave, ma chef m'attendra un peu plus tard que prévu au boulot ;-).
Arrive alors petit à petit les autres instructeurs, Denis et Jacques. Ils me demandent quel est le programme pour aujourd'hui et je leur rétorque que j'emmène F-CT (en solo) à Lapalisse avec Fabrice qui me suivra derrière avec un autre avion. C'est alors que ceux-ci ne trouvent rien de mieux à faire que de m'angoisser encore plus :
-"Lapalisse ? Tu ouvriras l'oeil, en général on n'arrive pas bien à voir ce terrain lorsqu'on y va pour la première fois" me dit Denis avec un petit sourire aux lèvres.
Puis c'est au tour de Jacques :
-"Tu feras gaffe, y'a souvent des paras sur ce terrain, si personne n'est dans le circuit de piste, pas la peine de faire une intégration standard, tu fais une semi-directe pour gagner du temps".
Enfin, mon FI en rajoute une dernière couche:
-"Je ne comprends pas pourquoi la piste préférentielle est la 05, mieux vaut atterrir en 23 car la piste est en montée !".
Bref, je risque d'une part de ne pas trouver le terrain (il y avait, de plus, pas mal de vent ce jour-là), et d'autre part je vais faire des entorses à la réglementation aérienne !
9h50. Il est temps de partir. Je partirai donc avec F-GGCT, un C-152 et Fabrice me suivra avec F-YL un C-172. En fait, le trajet s'est super bien passé : mes points tournants se sont enchainés les uns après les autres sans aucun problème et j'entendais Fabrice derrière moi à la radio à 1 minute d'intervalle (cela me permettra au passage de vérifier ma phraséo). Pour être franc, je ne sais pas s'il avait visuel sur moi, j'ai oublié de le lui demander ! Ce qui est certain, c'est qu'il m'entendait ! Au terme de ma navigation, je tombe pile poil sur le terrain (impossible de faire mieux, je pense). J'étais donc très rassuré ! Cependant, comme un avion largueur de paras s'apprêtait effectivement à décoller après m'avoir laissé d'abord atterrir, j'ai dû accélérer les choses et j'ai un peu "foiré" mon intégration (passé un peu en dessous de l'altitude du Tour De Piste), mais heureusement j'étais le seul dans le circuit. Pour l'atterro également, j'ai déjà fait mieux...
Un Antonov An2 Colt : c'est le plus gros biplan monomoteur du monde !
Un autre Antonov
Une fois parqué et après avoir arrêté 'Charlie Tango', content de cette belle nav, je me dirige vers les hangars qui jouxtent le terrain et c'est alors qu'un formidable spectacle s'offre à moi : il y a ici de gros avions biplans, des vieux et des moins vieux, de véritables petites merveilles (il y en a même accrochés au plafond !). Spectacle formidable, je ne regrette pas d'être venu ! Grâce à Julien R. de la Pilotlist, j'apprendrai plus tard qu'il s'agissait de plusieurs Antonov An2 Colt (le plus grand biplan monomoteur du monde), d'un Bréguet XIV et d'un Couzinet 70 "Arc en Ciel".
Au fond, un Bréguet XIV, au plafond un Couzinet 70 'Arc-en-Ciel'
Au fond, un Piper J3 Cub, au milieu un "Jojo" et devant... un ULM !
Splendide collection !
Aurélien