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  • : Imagin-air
  • : Le blog d'un passionné d'aviation : récits de sa formation et de ses vols.
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Jeunes Ailes

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12 février 2007 1 12 /02 /février /2007 22:48
Lundi 05 février, nous avons rendez-vous Denis et moi pour une longue nav en direction de la Haute-Savoie. C'est une destination dont nous avons convenue ensembles la semaine dernière. En fait, nous avions projeté d'aller nous promener soit à Annemasse au bord du lac Léman, soit à Aubenas en Ardèche. La décision ne fut pas difficile à prendre, car en ce lundi seul le quart Sud-Est de la France était dégagé : afin de pouvoir revenir de notre ballade dans une météo acceptable, c'était donc Annemasse qui remporta mon suffrage.
 
 

Voici ma nav : en noir la nav initialement prévue, en rouge mon trajet en déroutement.

 
Denis est très curieux, il veut tout savoir : comment je prépare mes navigations - qui plus est lorsqu'il y a du vent (c'était le cas ce jour là) - quels sont les instruments à bord qui vont m'aider à me diriger et à ne pas me perdre dans l'immensité du ciel bleu, il me demande même quels sont les personnels avec qui je correspondrai par radio tout au long du voyage.
 
Il me questionne également sur les performances de mon avion (ses vitesses, ses performances de décollage, d'atterrissage, son autonomie, ses performances de montée, etc.) ce que je m'empresse de lui expliquer au sol avant de partir. Je le devance même en essayant de lui expliquer ce qui risque de se passer si l'avion est mal chargé (répartition des masses non étudiées).
 
Mais Denis veut aussi comprendre comment je fais pour connaître précisément la météo de notre destination : je lui explique qu'il y a des observations météo sur les grands aéroports de France et qu'il suffit par exemple de les consulter sur Internet (et je lui montre aussi que l'on peut obtenir des prévisions assez précises en ces mêmes endroits pour le reste de la journée...)
 
Denis est content, nous allons (enfin !) pouvoir partir. F-GGCT, un Cessna 152 sera notre bétaillère pour ce périple.
 
Nous décollons à 14h30 de Lyon-Bron en piste 16 car le vent souffle plein Sud entre 10 et 15 noeuds. Ma tache ne vas pas être facile, car notre cap est plein Est et nous aurons donc un vent plein travers. Il va donc falloir afficher un dérive de 5° sur notre trajet. La première étape consistera à transiter et couper les axes de l'aéroport de Saint Exupery (ex-Satolas) ce qui se fera assez facilement. Ensuite, il va falloir intercepter le VOR de St-Ex avec une radiale qui frôle les ZIT des centrales nucléaire du Bugey et de Creys-Malville : il est évident qu'il va falloir tenir ce QDR avec précision, car la moindre écartade et je me retrouve dans une zone où je suis Personna Non Grata. Dans la pratique, cette étape s'est très bien passée, j’étais pile sur la radiale de mon moyen de radionavigation. Denis est curieux, il regarde beaucoup à l'intérieur de l'avion mais ne pipe pas un mot.
 
Mon premier point tournant est l'aérodrome de Morestel : je suis soucieux, car j'ai souvenir, pendant ma formation que je n'arrivais jamais à découvrir cette piste en herbe, c'était toujours mon instructeur qui la voyait et qui se moquait de moi parce que : "je la cherchais tout autour de moi alors qu'elle se trouvait pile en dessous de nous". Et ça n'a pas manqué : je cherchais encore et encore devant moi cette maudite piste mais je ne la voyais pas. J'ai alors la présence d'esprit de regarder en dessous de moi (pratique avec un Cessna) et bingo c'est la piste de Morestel ! Ouf !
 
 
 

Vous la voyez, vous, la piste de Morestel ?

 
Ensuite, mes points tournants défilent les uns après les autres : la ville de Belley, puis le radio-compas d'Annecy et enfin l'Autoroute qui me mène directement à Annemasse. En quittant Annecy pour Annemasse, je prends la décision de contacter Genève Info, pour leur signaler ma présence approchant Genèèèèève, mais je me fais gentiment jeter... Bon ben, qu'à cela ne tienne je m'annonce en auto-info à Annemasse et une gentille voix m'annonce que la 12 est en service. Le tour de piste à Annemasse est très biseauté, je suis surpris même si je m'y attendais après avoir consulté la VAC de ce terrain. De plus, il faut être attentif et respecter la trajectoire publiée pour ne pas franchir la frontière Suisse ! Denis est calme, il ne parle toujours pas ...
 
 
 

Le tour de piste un peu spécial d'Annemasse

 
Après le toucher à Annemasse et après avoir respecté la trajectoire "antibruit", nous mettons le cap vers Chambéry, où nous avons aussi prévu de poser nos roues. La nav est plutôt facile, il suffit de suivre l'autoroute, mais j'utilise aussi le radiocompas d'Annecy pour me laisser guider. Denis est curieux, il veut savoir comment je me débrouillerais si je n'avais pas ces aides radio-électriques, c'est pourquoi je lui explique que l'on naviguerait alors au cap et à la montre. Pour le prouver, j'éteints le radiocompas.
 

En vent-arrière 12, attention à ne pas passer la frontière !

 
 
 

En finale 12 à Annemasse.

 
Nous arrivons sur Chambéry, la piste en service est la 36 face au lac du Bourget. Dans ce sens, la pente d'approche est forte (7%) et n'ayant pas trop l'habitude, je me fais surprendre (encore) et arrive trop haut au seuil de piste. Heureusement, la piste est longue... Le redécollage se fait au dessus du lac, magnifique (même si ce jour là, le lac n'était pas vraiment d'un beau bleu indigo). La montée se fait à Vz_max, car le point de sortie que je convoite (WA) est un col à plus de 3000ft, faut monter donc, doucement mais sûrement, avec notre brave bétaillère. Hélas, je n'arrive pas à monter suffisamment, et le vent qui souffle est la source de forts rabattants, je décide donc de continuer est sortir un peu plus loin, en contournant le relief et en sortant par une sortie "plus tranquille" (N, pour ceux qui suivent sur la carte).
 
 
 

Chambéry et sa pente d'approche à 7%. Quel plaisir d'atterrir face au lac !

 

Que c'est beau (bis) ! On voit bien le col du Chat à l'Ouest du lac.

En sortant des zones de Chambéry, Denis me demande d'aller faire un tour à Belley. Je n'avais absolument pas prévu cette destination dans mon log de nav, mais j'avais par contre la fiche terrain sous le coude : il est donc temps de se dérouter ! Top, j'oriente l'avion, je vais chercher une altitude, je trace un trais, je mesure le cap, je calcule mes estimées... Exercice très difficile à mon goût. Le briefing arrivée me fait découvrir un truc HORRIBLE : la piste de Belley est une piste en herbe qu'il va falloir chercher (et, tant qu’on y est, trouver) ! Heureusement, le terrain est au bord du Rhône, c'est un détail qui m'aidera à facilement le repérer. J'en profite pour m'intégrer en auto-info mais je remets les gaz car la piste est un peu courte.
 
 
 

Le terrain de Belley au bord du Rhône

 

La piste en herbe de Belley : very very short (500m) !

 
Denis, bien calme jusqu'à présent, a une subite envie de me poser des tas de questions :
 
 
-   c'est quoi un basse-hauteur ? Tu peux me montrer ?
 
Mais où diable a t'il entendu ce terme ? Probablement lors de mon briefing décollage à Lyon. J'exécute donc un basse hauteur pour satisfaire môôôssieur.
 
En partant de Belley, forcement, je suis encore en déroutement, puisque Belley ne faisait pas partie de ma nav initiale. Nous décidons de mettre le cap sur Morestel. A la verticale de Morestel (que je n'ai trouvé qu'au dernier moment ... pile en dessous de moi, ndlr), Denis me demande ce qu'il se passe en cas de panne moteur. Je lui fais donc une simulation de panne à la verticale du terrain : je coupe les gaz, et j'exécute l'exercice que j'ai fait tant de fois : la PTE. Hélas, la configuration particulière du terrain (sur une bute) et le fort vent qui soufflait m'a fait manquer cette PTE, je remets donc les gaz pour un tour de piste standard et je les recoupe à nouveau pour une PTU cette fois. Heureusement, je la réussis, même si je n'ai pas touché tout à fait sur le seuil.
 
Il est temps de rentrer tranquillement de cette belle ballade. Toujours en déroutement, je coupe une nouvelle fois les axes de St Ex. Je me réjouissais déjà à l’idée de poser mes roues sur le bitume de l'aéroport de Lyon, mais Denis avait vraiment soif de savoir aujourd'hui : il voulait apprendre ce qu'était le décrochage et le virage engagé. Nous demandons au contrôle l'autorisation de faire cette mania dans un coin tranquille de la CTR de Lyon-Bron et je montre à ce casse-pieds de Denis ce qu'il voulait savoir. Je commence par un décrochage avec abattée, exécuté parfaitement. Ensuite, je lui fait des virages à droite à 30° d'inclinaison, puis à gauche, puis à droite à 45°, puis à gauche, et enfin je me mets en virage engagé suite à un à 60°, que je récupère dans les règles de l'art. Je lui montre même ce qu'on appelle le vol lent.
 
Il en est assez, il est temps de vraiment rentrer, je commence à fatiguer. Mais, en arrivant en longue finale à Lyon-Bron, je suis épris d'un remord : Denis voulait voir une PTE réussie, je demande donc au contrôle d'exécuter cet exercice à la verticale du terrain : vous pouvez me croire, c'était une belle PTE ! A l'issue de celle-ci, nous roulons tranquillement vers les hangars.
 
Conclusion de cette longue ballade : nous avons fait une lonnnngue nav dans mes montagnes adorées de Xyrdavie, puis nous avons fait pas mal de mania tout au long de ce vol. Denis était très content de ce vol, par contre moi j'étais complètement HS.
 
Ah mais oui, au fait, vous savez pourquoi Denis est venu faire un vol avec moi ? Ben.... Denis est examinateur PPL ! Et il était tellement content qu'il m'a délivré ma licence de pilote privé ;-) ! Yes !
 
Une page se tourne, le petit oiseau peut maintenant prendre son envol tout seul !
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commentaires

M
Je commençais à me dire avant d'arriver à la fin du récit que ton pote Denis était vraiement casse-c..... ! Et que tu étais bien imprudent de faire du virage engagé sans instructeur.<br /> Excellente façon en tous les cas de raconter un test !<br /> Cela donne envie d'aller découvrir tes montagnes.
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E
Félicitations pour ton PPL, et merci pour le récit.Tu as vu le slalom anti-bruit à Annemasse ?... Ça n'était pas un examen, mais un bizutage, non ?! Dire que c'est ici que je fais mon apprentissage ! Une montée dans l'axe, je ne sais pas ce que c'est  ;-) Je suppose que je saurai la semaine prochaine. Je vais poser mes roues ailleurs qu'à Annemasse pour la première fois : à Albertville.Bons vols.
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P
On l'attendait en effet un peu, ce récit de test :-)C'est bizarre comme voler par chez toi me semble plus compliqué que de voler en Bretagne : y'a beaucoup moins de zones par chez moi et le relief est inexistant, mais les nuages sont bas ;-)Patrice
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A
J'ai un GPS BlueTooth sur un PDAphone sur lequel je fais tourner PocketFMS pour la trace.  C'est un peu usine à gaz mais pour l'instant tout ça est nonchalamment jeté dans la soute du Cessna :-)
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G
Belle histoire, encore une fois! L'approche à Chambéry face au lac du Bourget est assez impressionnante... Sinon, que signifie Vz max ; est-ce bien la vitesse de meilleur taux de montée?
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A
Merci Guilfro !<br /> Effectivement, Vz_max est la vitesse qui permet de rejoindre une altitude donnée le plus rapidement possible (ce qui revient à dire effectivement la vitesse de meilleur taux de montée).<br /> A ne pas confondre avec la vitesse de pente_max qui est la vitesse qui permet d'avoir une trajectoire la plus "pentue" possible (pour éviter un obstacle droit devant par exemple).<br /> Ces deux vitesses sont différentes mais assez proches (Vz_max = 65kt et V_pente_max = 55 kt pour un Cessna 152).