21 octobre 2007
7
21
/10
/octobre
/2007
14:28
La statue de la liberté n'attendait que nous (photo prise en 2003).
Samedi 13 octobre, 5h50 du matin : le réveil sonne et pour une fois, je suis heureux de me réveiller si tôt car le week-end promet d'être magnifique. C'est en effet demain dimanche que je vais rascoler une nouvelle fois avec Marc-Olivier Méhu et rencontrer la célébrissime Susana de la Pilotlist, pour un vol au départ de Montréal et à destination de New-York !
Nous sommes donc samedi matin et Montréal est quand même à 200 km de Sherbrooke : il faut prendre la ligne d'autocar régulière qui se rend dans la métropole du Québec. Tout s'annoncer pour le mieux : un soleil radieux, des forêts rougeoyantes le long de la route en cette belle période d'été indien, mais des températures très fraîches tout de même.
Tout à coup, grosse odeur de brûlé dans le bus : l'autocar prend feu !!! Le chauffeur arrête immédiatement le bus sur le bord de l'autoroute, nous évacuons sur la bande d'arrête d'urgence, le chauffeur prend un extincteur et asperge copieusement la roue avant droite qui était en feu... Heureusement, les flammes sont vites maitrisées. L'autobus est évidemment Hors Service et nous devons en attendre un autre (toujours sur la bande d'urgence, au froid) qui vient de partir de Sherbrooke. Résultats : 1 heure de retard, un peu de frayeur, mais nous sommes bien arrivés à destination. Hélas, je n'ai pas pu photographier ces instants, mon appareil étant dans ma valise qui était elle-même dans l'autobus.
Samedi après-midi, je vais rejoindre à l'aéroport Marc-Olivier qui arrive de Vancouver. Une fois tous deux réunis, nous louons une voiture et partons à la frontière américaine (à 30 min de Montréal) pour récupérer (seulement) le formulaire I-94W qui nous servira le lendemain. Je peux vous assurer que ce ne fut pas simple, bien au contraire ! En y repensant au moment où j'écris ces lignes, on se serait presque pris pour les Astérix et Obélix des temps modernes de la maison qui rend fou (cf. les 12 travaux d'Astérix). Heureusement, c'est bien connu, les Gaulois triomphent toujours !
Pour terminer la soirée, Marc-Olivier m'invite à le rejoindre dans la maison de celui qui fut son copilote et ami lors de son voyage pilotaillonesque en Alaska. Au menu : choucroute, merguez et bonne humeure !
Dimanche 14 Octobre : C'est le grand jour ! Marc-Olivier et moi avons rendez-vous au très luxueux hôtel Hayatt Regency dans lequel descend Susana, arrivée la veille, en escale jusqu'à ce soir (Susana est hôtesse de l'air, ou PNC, à Air France). C'est avec grand plaisir que nous la vîmes arriver, toute rayonnante et surtout très motivée pour notre vol d'aujourd'hui ! D'ailleurs, elle a insisté pour nous offrir le petit déjeuner dans son bel hôtel.
Marc-Olivier Méhu, qui chacun sait est pilote (de loisir) ici au Canada (mais aussi en France), nous a loué un avion et nous a préparé une ballade dont le but ultime est le survol de la Big-Apple (surnom de New-York) et de Central Park. L'idée initiale était de décoller de Montréal très tôt le matin, arriver à New-York vers 10h, aller en ville pour déjeuner et rentrer dans l'après-midi après le survol de la ville (le survol d'une ville, même à New-York, est autorisé aux USA).
Les ventres pleins, nous partons pour l'aérodrome de Montréal-St Hubert qui sera notre point de départ de cette belle aventure. La préparation au sol pour ce type de nav est importante : réservation de l'avion pour une longue durée, plan de vol à déposer, prévenir les douaniers des aéroport à la traversée des frontières, cartes à préparer, essence, météo... Bref, Marc-Olivier n'a pas chômé alors que pendant ce temps Susana et moi faisions les pîtres dans la salle de briefing.
Pitreries au tableau de la salle de briefing d'Air Richelieu.
A cause de problèmes de disponibilités de l'avion, c'est seulement vers 10h30 que nous mettons en route l'avion, un Cessna 172 immatriculé C-FFSK. La météo sur Montréal est nuageuse, mais pas suffisamment pour faire renoncer Marc-Olivier à ce vol. De toute façon, Marc-Olivier est qualifié IFR, donc nous pourrions presque aller à New-York les stores de l'avion fermés.
C-FFSK, vaillant C172, nous transportera pour ce périple.
Nous décollons de la piste 24L : à notre droite, c'est le centre ville de Montréal qui commence à s'offrir à nos yeux émerveillés. C'est à ce moment que l'on prend alors la pleine mesure de l'importance du fleuve St Laurent (qui, dit-on, est le fleuve le plus large du monde). Très vite, nous rejoignons le plafond de nuage, mais notre altitude est suffisante pour continuer en VFR. Nous survolons d'abord les quartiers résidentiels des environs de Montréal (saviez que presque toutes les résidences que nous avons survolées possèdent une piscine ? Sûrement un critère de richesse au Canada, au même titre que la grosse bagnole !).
Départ piste 24L de Montréal-St Hubert. Remarquez en bas à droite le DC3.
Au loin, Montréal.
Rapidement, c'est le lac Champlain qui va être notre compagnon de route : bien que pas spécialement large (moins de 10 km presque partout), son étendue Nord-Sud est gigantesque (100 km) ! Ca tombe bien, puisque les nuages commencent à se dissiper et laissent désormais les rayons du soleil venir se refléter dans l'eau : d'ailleurs, on note par endroits des rassemblements de voiliers voguant selon les caprices du vent, plutôt fort aujourd'hui. A cela s'ajoute les immenses étendues forestières rouges et vertes du parc national des Adirondacks. A ce point précis, nous sommes déjà aux USA et le passage de la frontière fut sans douleur ;-) . A bord de l'avion, l'appareil photo de Susana surchauffe.
Paysages vus le long du lac Champlain.
Parlons des communications radios : au Québec, les communications peuvent se faire en Français ou Anglais, Marc-Olivier ayant choisi le Français pour que Susana et moi comprenions un peu ce qui se tramait à la radio. Mais à partir de l'entrée aux USA, c'est en anglais bien sûr que le dialogue s'est poursuivi. D'ailleurs, si je peux vous faire une confidence : je n'ai absolument pas compris le moindre mot de ce que Marc-Olivier racontait, et encore moins à ce que le cow-boy à l'autre bout des ondes lui répondait ! C'est pas encore demain que je vais m'organiser un p'tit voyage en terres (grandes) bretonnes ! Croyez-moi !
Curiosité : l'ombre de notre avion dans un halo de lumière.
De temps en temps, la couche nuageuse se faisait vraiment plus épaisse qu'ailleurs (normal au dessus de ces grandes étendues d'eau). Marc-Olivier basculait alors en régime de vol IFR (aux instruments) et il n'était, du coup, pas rare de traverser de plein fouet certains cumulus, et de se retrouver au dessus de la couche.
La présence de nuages lenticulaires trahit l'importante force du vent en altitude.
Les cartes à bord furent nombreuses pour ce voyage.
Au bout du lac Champlain, c'est la ville d'Albany qui approche et c'est là que nous allons nous arrêter pour dédouaner et refueler (l'essence risque d'être plus chère si nous décidons de remplir les réservoirs ailleurs). Aux douanes US, je peux vous dire que ça ne rigole pas : interdiction de sortir de l'aéronef tant que les douaniers n'ont pas inspecté l'avion et les choses (en l'occurrence : nous) à l'intérieur. Heureusement, une fois dans leurs locaux (pour prendre empruntes digitales et passeports), la tension redescend et c'est même sur le ton de la plaisanterie que nous les quittons une heure plus tard.
Arrivée à Albany.
L'arrivée à l'aller et le départ au retour.
Marc-Olivier : un colibri en or ! En euro, ça fait 0.82 €/L. Départ d'Albany.
Une fois encore sur la route, nous en prenons pleins les yeux : pour éviter d'écrire un récit fleuve, je vous laisse juger par vous-même grâces aux photos. Sachez seulement qu'après avoir décollé d'Albany, le chemin vers New-York fut ultra simple : il fallait trouver la rivière Hudson et la suivre jusqu'à l'océan ! Simple n'est-ce pas ?
Les Adirondacks.
La rivière Hudson : il ne reste qu'à la suivre pour arriver à New-York.
Convoi de chemin de fer : près de 50 wagons !
Un 360° pour se rendre compte de la vitesse du vent et prévoir si, en continuant vers New-York, nous serons rentrés à l'heure à Montréal.
New-York est en vue ! Malheureusement, c'est à ce moment précis que nous avons dû faire demi-tour : les impératifs professionnels de Susana furent tels qu'elle devait rentrer à l'heure pour son vol retour sur la France. Nous n'étions plus qu'à 15 minutes de vol de Central Park, mais si nous avions continué, elle aurait certainement manqué son avion. Nous étions tous les 3 si tristes d'échouer si prêt du but. Pour moi, j'estime que ce n'est pas grave du tout, car nous nous sommes quand même régalés de ces magnifiques paysages avec toujours ce plaisir immense de voler et de se sentir libre et d'aller là où nous voulions (un petit coup à gauche pour voir les voiliers sur les lacs, un petit coup à droite pour survoler les forêts, etc...). Et puis quel plaisir de voler avec de si sympathiques colibris ! Nous avons pris environ 800 photos de ce beau voyage, je ne vous montre ici qu'une petite cinquantaine de photos (soit 6%) : c'est raisonnable, non ?
New-York est en vue ! (regardez bien !)
Demi-tour, si proche du but ...
Le retour s'est passé dans les mêmes conditions que l'aller : arrêt à Albany, passage de la frontière mais arrêt supplémentaire à Montréal-Trudeau (l'aéroport international de trafic passagers). Susana, qui a voulu s'essayer à la phraséo québécoise, s'est même lancée dans le dialogue radio avec la tour de Trudeau alors qu'un Boeing 747 d'Air-France se présentait en finale avec nous (pour une piste parallèle hein, pas sur la notre !). Le comble !
Albany encore, au retour cette fois.
L'avion d'hommes d'affaires par excellence : un Piaggio P180 Avanti.
Puits de lumière.
De gros avions à la roulette mal placée.
Montréal au retour : ici le centre ville et le Mont-Royal derrière.
Parc d'attraction de la Ronde.
Un boeing 747 d'Air France se présente en finale (comme nous) mais sur une piste parallèle à Montréal Trudeau.
Notre trajectoire.
La fine équipe (avant le départ au soir de Susana pour l'aéroport) !
Pour conclure ce récit, j'ai passé un week-end aéro formidable : heureusement que de telles journées permettent d'oublier les soucis de la vie quotidienne ! Marc-Olivier est un colibri passionné toujours parré à partager de son temps pour émerveiller des pilotaillons avides de nouvelles expériences, et Susana et une colibrette hyper agréable, motivée et d'une gentillesse sans borne.
Merci à vous deux ! A bientôt j'espère !
Aurélien
* C'est Susana qui a trouvé le titre de cet article et je le trouve tellement parfait que je l'ai repris ici. Ce titre est un clin d'oeil au fameux "Voir Naples et mourir" cher à Stendhal !