C'était mon premier Aéroski. Comme chaque année, l'association Jeunes Ailes organisait son week-end aéronautique hivernal : pendant quelques jours, les membres de l'association se retrouvent à l'Alpe d'Huez pour expérimenter le vol en montagne et, plus simplement, pour skier et passer quelques bonnes journées ensemble.
Vendredi 29 Janvier : cap sur l'Alpe d'Huez ! Enfin.... on a essayé ! Nous avons tous été supris par une tempête de neige et l'accès à la station nous a donné du fil à retordre ! Il a fallu tous chaîner et la montée vers notre lieu de villégiature s'est fait à un rythme de sénateur. Conclusion : arrivée pour les premiers d'entre-nous vers 21h seulement, et on avait faim !
Samedi : la météo n'est pas très engageante et les vols risquent d'être suspendus pour la journée. Et pourtant...le moral n'est (presque) pas entamé puisque les skieurs d'entre-nous ne pensaient qu'à chausser les skis. En fin d'après midi, le soleil a daigné se lever et les premiers coins de ciel bleu ont donné raison aux JA qui avaient décidé de rejoindre l'altiport : ils ont pu ainsi donner le coup d'envoi des vols grâce à nos parrains de l'Aéroclub du Dauphiné (Jack et Jacqueline). Le soir, nous mangeons tous (avec les parrains) au restaurant de l'altiport (très bonne table !).
Dimanche : la météo est nettement meilleure que la veille, les vols pourront donc avoir lieu. A l'inscription, les JA pouvaient choisir entre un vol plutôt "technique" (tours de pistes en place gauche à Huez) ou "découverte" (pure ballade touristique). En attendant que la dameuse refasse une beauté à la piste, le pilote de l'EC145 de la Sécurité Civile nous a aimablement fait faire le tour de son bel hélico. Il nous a également raconté tous les aspects de son beau métier, suscitant de nombreuses questions des jeunes en admiration devant cette si belle machine. Pendant tout la matinée, les vols se sont enchainés, la plupart dans l'Abeille F-BOPT ancienne propriété d'Henri Giraud.
Puis vient enfin mon tour.
Je prends place à l'avant du Papa Tango, Pauline et Florian passent à l'arrière et c'est André, notre FI JA, qui pilote l'avion. Nous décollons de l'Alpe Huez et mettons le cap sur le col de Sarennes. Nous slalommons entre les massifs, au gré du programme d'André. Nous arrivons enfin sur le St Sorlin et passons devant la zone d'atterrissage du glacier (un endroit très prisé des pilotes de montagne) : il y a déjà des traces d'atterrissages, alors André décide lui aussi d'y poser les skis de l'avion. Comme toujours avant de poser, le pilote commence par une phase de reconnaissance (pour voir sur la piste est praticable) et l'avion s'intègre dans le circuit. Nous sommes rapidement en finale, et j'avoue avoir hâte de connaître enfin ce que donne le poser sur un glacier (une grande première pour moi !). Nous sommes maintenant en très courte, la pente du glacier est raide (sens montant) mais André tangente au mieux la piste. Les skis de l'avion touchent la neige, et c'est dans une remarquable douceur que l'avion s'appuie et glisse sur la neige. A causes des dernières chutes de neiges, l'épaisseur de poudreuse est très importante et l'avion n'a pas assez de vitesse pour faire demi-tour et repartir dans la descente. Bilan : l'avion s'arrête net dans la neige, et malgré la pleine puissance du moteur, il ne veut plus en bouger...
Heureusement, un tel cas de figure est chose courante pour les pilotes de montagne : ils sont formés pour affronter pareille situation. Dans un premier temps, André nous demande de rester dans l'avion, alors que lui chausse les raquettes et récupère sa pelle pour dégager l'avion. Puis il fait appel à Florian et à moi pour l'aider à tourner le Mousquetaire et le remettre dans le pente. Nous remontons tous dans l'avion, Dédé redémarre le moteur, pousse les gaz à fond, l'avion avance, nous glissons, glissons encore, quelques dizaines de mètres et..... l'avion s'immobilise à nouveau ! Dans le cockpit, la déception est grande et tout le monde se demande si nous arriverons une fois pour toute à redécoller. Notre situation est même plus inquiétante que tout à l'heure : nous sommes plus bas sur la piste, ce sont donc autant de précieux mètres en moins pour décoller !
Il ne faudra pas se louper sur cette deuxième tentative, alors nous n'avons d'autre solution que de fabriquer une piste de décollage bien damée sur le glacier. La tache s'avère un peu trop grande pour un seul homme, alors Dédé nous appelle à la rescousse. Florian et moi chaussons aussi une paire de raquettes (Dédé avait tout prévu : 4 paires !) et nous nous mettons au travail dans la bonne humeur. Après bien 40 min de tassage de neige, en montant et redescendant de nombreuses fois sur le glacier, la piste de décollage prend forme. Le moment de vérité approche, nous repositionnons une nouvelle fois l'avion dans la pente, réembarquons tous dans le Papa Tango, Dédé redémarre pour la 2e fois, remet les gaz, l'avion bouge et s'élance sur la piste...... et décolle : nous sommes sauvés !
Notre sommes tous rentrés au Versoud (après un dernier crochet à Huez), pour ramener l'avion à son aérodrome d'attache. Là-bas, tout les JA nous ont rejoint impatients de prendre de nos nouvelles (le téléphone passe très bien sur la glacier !). Cet évènement nous vaudras désormais le surnom de "Naufragés du St Sorlin". Un grand moment d'aviation vécu ce week-end !
Un grand merci à Jack et Jacqueline, de l'Aéroclub du Dauphiné, pour leur accueil et leur parrainage, à André notre FI JA sans qui, comme chaque année, ce WE n'aurait pu se faire, à toute l'équipe JA organisatrice de l'évenement, à tous les JA pour leur participation à ce très beau WE.
De nombreuses et magnifiques photos du WE sont visibles sur ce lien.
Aurélien