Ce mercredi là, je ne suis pas allé seul à l'aéroclub : j'étais accompagné de Jean et de Pierre, son neveux. Pierre est un jeune dijonnais, qui vient régulièrement passer ses vacances chez son oncle, qui est aussi mon voisin. J'ai donc naturellement fait connaissance avec lui alors que nous profitions tous les deux de la fraîcheur d'une soirée d'été en montagne.
Et vous savez quoi ? Pierre est apprenti-pilote : il est en train de passer son Brevet de Base à Dijon ! Si si ! Il me semblait alors tout à fait opportun de l'inviter à mon cours d'aviation du lendemain : si seulement il savait ce qui allait l'attendre...
Arrivée matinale (comme toujours) au club de toute la petite troupe, impatients de voir à quoi va rassembler ce petit vol savoyard du jour (une première pour Pierre et Jean). La veille, j'avais quand même prévenu Lucas que nous serions quatre dans le mouss' : "C'est pas problème !" me répondit-il avec son terrible accent. Mais ce matin, alors que je m'attendais à un cours comme les autres, Lucas m'avait imaginé pendant la nuit un plan machiavélique dont il mit immédiatement à exécution la première partie : "Bon, Aurélien, aujourd'hui, on va à Megève, mais tu te débrouilles tout seul, sans mon aide ...".
Heu... ça devrait le faire : Megève on l'a déjà fait une fois, et ce n'est pas le plus difficile, ni du point de vue "nav" ni point de vue "atterro" sur cette piste presque plate. Il faut juste que je me rappelle toutes les bêtises faites quelques jours plus tôt, se rappeler en particulier ce fameux tour de piste qui gratouille la montagne et chatouille la cime des arbres (ben oui, l'aviation de montagne ça gratouille et ça chatouille , vous ne le saviez pas ?) ...
C'est la toute première fois que j'ai autant de passagers dans mon avion : de mémoire, je crois n'avoir jamais emmené plus de 1 seule personne avec moi (normal : je vole essentiellement sur des avions de 'faible' puissance, donc de faible capacité d'emport de passagers). Pourtant, les 180 ch du mousquetaire seront bien là pour nous arracher pleine charge de ces 400m de piste à plus de 1600m d'altitude.
La nav se déroulera sans encombre : sur le chemin, je ferai un petit crochet pour voir notre fameux petit village perché en haut de la montagne, puis une verticale le lac de Roselend (point tournant immanquable dans cette nav). Cette fois, j'entame ma descente sur Megève bien plus tôt, ce qui m'évite une série de 360 inutiles comme la dernière fois. Je m'annonce au point N, tour de piste exécuté au raz de la montagne et atterrissage sans problème. Pour être tout à fait honnête, je me suis fait surprendre par le poids de l'avion, ce dernier s'étant dramatiquement enfoncé lors de mon arrondi : j'ai ainsi touché bien avant le seuil, sur le "stopway" de la piste. C'est la seule faute "grave" que me reprochera Lucas.
Roulage jusqu'en haut de la piste et demi-tour ; aujourd'hui nous ne prendrons pas le temps de nous arrêter boire un café, car la deuxième partie du plan machiavélique de Lucas va commençer ...
Aurélien