Le Mont-Blanc, en été, vu depuis Chamonix.
Nous sommes encore et toujours pendant les vacances de février : c'est le dernier acte de cette longue semaine aéronautique. Aujourd'hui, ce n'est pas mes traditionnels compagnons de vol que j'emmène avec moi : c'est Yves B., instructeur montagne de mon club, qui va m'accompagner vers de hauts sommets enneigés, le Mont-Blanc.
Je rêvais de cette nav depuis longtemps. Et puis, un jour de noël alors que j'étais au club, j'entends l'élève de Yves raconter, des étoiles dans le yeux, cette superbe nav qu'ils viennent tout juste d'entreprendre ensemble. Ah là là, il fallait voir l'élève : il était tellement ému par ce voyage au pays des neiges éternelles, être monté sur le toit de l'Europe en avion léger, et de redescendre les glaciers tout en radada en faisant un petit coucou aux skieurs ....
Ca tombe bien, je connais bien Yves (pour nous être racontés nos aventures aéronautiques respectives lors de repas organisés par le club). Le coup de fil est donc donné, et le rendez-vous est pris pour la première semaine de février.
La veille au soir, je consulte la météo : les conditions aéronautiques vont plutôt être mauvaises sur la région, alors le moral descend dans les chaussettes et j'appelle Yves pour lui demander s'il faut annuler la nav. Et quel fut mon étonnement lorsque Yves, qui avait également consulté la météo en montagne, me dit fièrement que tout est bien parti pour demain !
Il a bien raison, Yves ! On se fiche pas mal des conditions météos sur Lyon puisque, dans notre ascension, nous allons passer rapidement au dessus la couche ! Le plus important dans une telle nav, c'est d'abord de trouver des trous pour passer au dessus de la couche nuageuse, puis de ne pas avoir trop de vent en montagne. Voilà l'important ! Toutes ces conditions seront normalement réunies pour demain samedi.
Samedi, nous devions partir en DR400, mais c'est finalement en Tecnam que nous ferons notre nav. Je l'ai dit plusieurs fois, mais j'aime bien cet avion car il va vite, ne coûte pas très cher, décolle court.... Ce dernier argument est capital si nous devons nous poser, au cas où, sur des aérodromes de montagne (le nom de Courchevel, seule altiport déneigée des Alpes, a été évoqué ...).
Nous décollons vers 8h, peu avant que le plafond ne se referme (c'est ce que prévoyaient en tout cas les TAF). Il fait vraiment très froid dehors. A peine les roues en l'air, nous passons avec St Exupery, qui nous autorise presque aussitôt à monter vers le niveau 75. La couche est donc traversée en un rien de temps, le plus dûr est fait...
En altitude, nous somme heureux : le soleil, presque agressif pour nos yeux (Yves a pensé à prendre ses lunettes de soleil, moi pas !), va contribuer à la réussite de cette nav et surtout à celle des photos. Il n'y a pas de vent, l'avion est stable, bien trimé pour monter tranquillement avec un taux raisonnable de +500ft/min, nous prenons donc le temps de discuter : de la qualification montagne d'abord, qui m'intéresse au plus haut point (sa difficulté, les principes à respecter en montagne, la difficulté des altiports et des altisurfaces) puis, à l'approche des reliefs, Yves devient guide de haute montagne et me nommer le moindre sommet des massifs que nous allons traverser. Le sentiment de sécurité est de mise avec cet instructeur qui, on le sent, a vraiment de la bouteille ! Je n'aurais jamais osé partir seul.
Départ de Bron sous une couche de nuage. Un Falcon atterrit avant que nous n'ayons l'autorisation de décoller.
On a réussi à passer au dessus de la couche. A partir de maintenant, ce n'est plus que du bonheur...
Un véritable tapis de coton.
Au dessus, c'est quand même mieux ! Tout au fond : notre but ultime.
La chaîne des Alpes au dessus du Bugey, du Lac du Bourget, des Bauges...
Encore la chaîne des Alpes au dessus du Bugey.
Nous passons le lac du Bourget, Annecy et son lac, puis transitons dans certaines vallées que je connais déjà (Vallée de l'Arly par exemple), mais seulement pour y être allé depuis le bas. Et je peux vous garantir que, bien plus qu'en plaine, la vue d'en haut n'a vraiment rien à voir avec les références visuelles que l'on a au sol : par exemple, je ne reconnaissais même pas le Mont-d'Arbois que pourtant j'avais grimpé tant de fois dans ma petite jeunesse (ahhh les colonies de vacances ... ) !
Nous arrivons enfin dans la vallée de Chamonix. Nous laissons le Mont-Blanc sur notre droite pour nous engouffrer d'abord dans le glacier d'Argentière, puis la Mer de Glace. A chaque fois, nous les descendrons en radada (c'est-à-dire à très faible altitude par rapport au sol) ce qui procurera un sentiment de plaisir parsemé de quelques montées d'Adrénaline. Nous en profiterons pour faire un petit coucou aux randonneurs, qui nous le rendrons bien. Alors, vous vous posez peut-être la question : pourquoi descendre ? Tout simplement pour accumuler de la vitesse nécessaire à nous échapper en cas de vents très défavorables (les rabattants) qui existent souvent dans les vallées montagnardes.
Lac d'Annecy.
1er plan : rochers de Leschaux, ensuite pic de Jalouvre, au fond chaîne des Aravis et sa pointe percée.
Tout notre trajet au dessus des Alpes.
Saint Jean de Sixt, à gauche le Grand Bornand et la chaîne du Bargy , à droite la Clusaz.
La chaîne des Aravis.
Vue sur la chaine du Mont Blanc au dessus du col des Aravis.
Megève.
Dôme du Goûter, de g. à d. l'Aiguille du midi, Mont Blanc du Tacul, Mont Maudit et Mont Blanc.
Pointe de Chardonnière, les Dents Blanches, au fond : le Valais.
Aiguille du Midi.
Glacier d'Argentière.
Les droites, Les courtes (côté glacier d'Argentière).
Aiguille Verte.
Mer de Glace. De g. à d. : les Jorasses, la Dent du Géant , le Diable, le Grand Capucin et le Mont Blanc du Tacul.
Notre parcours en haute montagne.
La vallée de Chamonix : notez la perte d'altitude (pour avoir du badin).
Aiguilles du Diable, Grand Capucin et le Tacul.
Aiguilles de Chamonix (Blatière).
Refuge de l'Envers des Aiguilles.
Gare d'arrivée du train du Montenvers.
1er tronçon du téléphérique de l'Aiguille du Midi.
Mont d'Arbois, piste du Bettex (côté St Gervais).
Mont d'Arbois, arrivée du télécabine de la Princesse (Megève) et du Bettex (St Gervais).
Après de nombreux tours et détours (voir un petit train par ci, un joli refuge par là, ...) nous descendons tranquillement dans la vallée, pour rejoindre Albertville et nous y poser. Les jauges de notre Tecnam ne sont en effet pas très fiables, et nous voulions nous assurer "de visu" du remplissage des réservoirs. Finalement, nous n'avons pas eu à refueller. Cette halte nous a également permis de passer un petit coup de fil à Bron, pour en connaître la situation météorologique. C'est notre mécanicien qui nous a appris que la situation était "stable" et que quelques trous dans les nuages nous permettraient facilement de revenir à la maison.
Direction Albertville.
Notre vaillant Tecnam P2002, à Albertville, le temps d'un posé afin de contrôler le niveau d'essence et prendre la dernière météo sur Bron.
Descente de la vallée jusqu'à Albertville.
Des Jojos comme je les aime.
Pour le retour, ce sera donc au plus direct, en traversant le Chartreuse, avec directement un cap sur St Exupery.
Le Revard.
La Chartreuse , au fond les Sept-laux et la chaîne de Belledonne.
Repassage verticale St Exupery. Passage "sous les nombres" comme diraient les américains.
Retour sur Bron en passant par la Chartreuse.
La nav globale.
J'imagine que je ne referai jamais de sitôt pareille nav, pas avant l'année prochaine en tout cas. Je remercie donc très chaleureusement Yves pour sa disponibilité et sa compétence. Ce fut un véritable plaisir pour moi de voir mes chères montagnes d'en haut. Ces images resteront bien longtemps gravées dans ma mémoire. Et je peux vous dire qu'un pareil trip donne vraiment l'envie, de progresser dans son pilotage, connaître de nouveaux horizons, bref vous l'avez compris, de passer la qualification montagne et d'y retourner, seul cette fois !
Aurélien